Immobilier : la baisse des prix est enclenchée, une correction douce et lente qui devrait durer

En hausse continue depuis 2014, les prix de l’immobilier marquent le pas ce premier trimestre 2023. C’est ce que relève la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) dans son dernier rapport, une baisse corroborée par plusieurs réseaux d’agences. A quoi faut-il s’attendre ces prochains mois ? On fait le point.

L’euphorie est bel et bien retombée. Freinée par la fermeture des robinets du crédit immobilier depuis un an, elle n’est plus qu’un souvenir. Prises à la gorge par la politique de la Banque centrale européenne qui a fait exploser le coût de l’argent pour contrer l’inflation, les banques ont en effet vu fondre leurs marges à vitesse grand V sur le crédit et ont, logiquement, mis un coup d’arrêt à la distribution presque systématique de crédits immobiliers qui prévalait jusqu’en 2021.

La hausse des taux d’intérêt, multipliés par 3 en un an, a fait le reste : sur un an glissant, la production de crédits immobiliers s’est effondrée de 30 %. Elle est même de – 45 % si l’on compare les mois de mars 2022 et mars 2023. 

Confrontés à une baisse historique de leur pouvoir d’achat et à des prix de l’immobilier qui ont atteint des sommets, les Français ont commencé à revoir leurs projets. Au 1^er trimestre 2023, le réseau Laforêt estime ainsi la demande en baisse de 11 %, et les volumes de transactions en baisse de 7 %. Orpi met de son côté en avant une baisse de 25 % du nombre de compromis de vente signés ce même 1^er trimestre.

« La capacité d’achat semble avoir atteint ses limites »

« La capacité d’achat semble avoir atteint ses limites« , explique la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM), qui observe que la baisse des prix de l’immobilier s’est généralisée ce premier trimestre avec un recul de l’ordre de – 0,3 % entre janvier et début avril. 

Ce mouvement s’est surtout enclenché en mars. Sur un an glissant, les prix restent en effet en hausse de + 4,5 % au 1^er avril 2023, alors qu’ils étaient encore de + 6,3 % à fin février 2023. 

Le réseau en ligne Meilleurs Agents estime de son côté la baisse des prix à – 0,2 % au 1^er trimestre, avec des baisses très marquées dans l’Est et le Nord de la France. L’Ouest continue à bénéficier d’une demande élevée du fait de la proximité avec la région parisienne et ses ménages au fort pouvoir d’achat.

Correction de – 10 % d’ici fin 2024 ?

Meilleurs Agents note toutefois une baisse des prix de – 3 % à Caen, qui n’est pas vérifiée par ailleurs. Ouest France, à travers son service de petites annonces, estime pour sa part la baisse à – 0,8 %.

Quoi qu’il en soit, le mouvement de baisse ne fait que débuter. Les taux d’intérêt vont continuer leur folle envolée ces prochains mois, et les prix de l’immobilier devront nécessairement s’aligner pour éviter le blocage du marché. La correction pourrait être de l’ordre de 10 % à 12 % d’ici fin 2024, estiment les professionnels de l’immobilier.

PAR STEPHANE HUBIN (Décollage e-Médias)

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