Erosion du littoral dans le Calvados : à Courseulles et Bernières, la construction contrainte par décret

Publié le :
10 Mai. 2022

L’Etat a publié le 30 avril un décret établissant la liste de 126 communes du littoral français qui vont devoir adapter leur politique d’urbanisme aux aléas de l’érosion des côtes. Interdictions de construire et préemption sur des constructions existantes composent ce nouveau cadre. Dans le Calvados, Courseulles-sur-Mer, Bernières-sur-Mer, Asnelles et Saint-Côme-de-Fresné font partie de la liste. Une vingtaine d’autres, comme Ouistreham, attendent leur tour.

Pour les 126 communes du littoral identifiées comme étant particulièrement vulnérables au recul du trait de côte, c’est une autre ère qui commence. Depuis le 30 avril et la publication du décret sur l’adaptation aux phénomènes hydrosédimentaires entraînant l’érosion du littoral, elles ont l’obligation d’adapter leurs politiques d’urbanisme et d’aménagement. En clair, il leur faut établir des cartes de risque de recul du littoral à 30 ans et à 100 ans et s’en servir comme documents de base aux nouvelles règles d’aménagement du territoire. Des règles qui vont jusqu’à l’interdiction de construire en front de mer notamment pour les zones exposées d’ici à trente ans, ou à l’acquisition de biens menacés à terme.

41 communes concernées en Bretagne, 16 en Normandie

Trois régions sont particulièrement touchées par ce décret. Il s’agit de la Nouvelle-Aquitaine (31 communes), de la Bretagne (41 communes) et de la Normandie (16 communes). Dans le Calvados, quatre communes ont intégré la liste. Il s’agit de Courseulles-sur-Mer et Bernières-sur-Mer côté Caen, Asnelles et Saint-Côme-de-Fresné côté Bayeux. Une liste sans commune mesure avec celle qui aurait dû être publiée. Il y a quelques mois, 25 communes du Calvados étaient en effet encore concernées par le décret.

La coulisse politique a atténué cette portée, mais ce n’est que partie remise. Seules les communes dont la situation est jugée urgente, autrement dit dont le littoral présente un risque fort d’érosion avant 20 ans, ont été pour l’heure retenues dans ce dispositif. Pour les autres, la révision de la liste, qui doit intervenir tous les 9 ans, devrait les rattraper.

Ouistreham, entre autres, aurait du intégrer la liste

C’est ce que confirme Romain Bail, maire de Ouistreham et vice-président de Caen-la-Mer en charge des Ports, du Littoral et du Tourisme. Selon l’édile, la loi Climat et Résilience, votée en août 2021, qui prévoit de nouvelles dispositions pour les communes confrontées à l’érosion due à la montée du niveau de la mer et à la multiplication des tempêtes, aurait du rendre le décret plus tranchant. 

“Des communes telles que la nôtre n’ont pas intégré le décret, cela nous laisse un peu plus de temps pour agir. Ouistreham est construite entre 1 et 4 mètres au-dessus du niveau de la mer.  D’autres, comme Courseulles-sur-Mer, sont juste au niveau de la mer et construites en estuaire. La problématique est plus présente. Cela change tout, mais il nous faut anticiper.” 

Quels risques de submersion en front de mer ?

Particularité, à Ouistreham, le front de mer n’est pas concerné par les risques de submersion. “Le cordon dunaire est suffisant pour faire face. L’arrière de la ville, en revanche, est sujet à des risques d’inondations par débordement des marais de Colleville-Montgomery et par la brèche le long du canal de Caen à la mer, comme c’est arrivé en 1995.” 

Tout proche, à Hermanville-sur-Mer, le même sujet des marais de Colleville constitue le principal souci, avec d’éventuelles remontées de l’eau salée par capillarité, comme partout ailleurs. A Lion-sur-Mer, pas de risque de submersion en front de mer non plus (la ville est construite sur un promontoire de 5 à 10 mètres). L’érosion des falaises en revanche est un vrai sujet, mais il est anticipé de longue date. 

Depuis 2021, de lourds travaux menés pour protéger le front de mer

 

Si vous vous promenez de temps en temps à la mer entre Ouistreham et Lion-sur-Mer, vous les avez forcément vu. Depuis janvier 2021, des engins de chantier prennent régulièrement possession d’une partie de la plage dans le cadre du vaste chantier de remise en état des moyens de protection du front de mer. 

Réfection des digues, changement des épis font notamment partie de ce programme de rénovation d’un total de 40 ouvrages, réalisé en deux phases. Ces jours-ci, la première se termine avec déjà 1,9 M€ dépensés. Il faudra encore 1,1M€ pour achever le programme en 2023 et 2024.

Le but de ces grandes manœuvres est simple : renforcer les plages de Ouistreham, Colleville-Montgomery, Hermanville-sur-Mer et Lion-sur-Mer contre l’érosion, sachant que de façon naturelle, le sable se déplace par bancs entiers de Luc vers Ouistreham. Si rien n’était fait, les plages de ces communes disparaitraient et la mer aurait alors toute liberté pour s’attaquer aux digues et aux dunes.

Les épis sont le meilleur outil pour constituer un matelas de sable qui évite la formation de vagues de submersion”, rappelle Romain Bail, vice-président de Caen-la-Mer en charge des Ports, du Littoral et du Tourisme, qui supervise ce chantier mené par la métropole.  Autre chantier de ce programme de réhabilitation, la nouvelle tentative qui consiste à conforter la dune de Colleville. Il s’agit de la troisième…

C’est le seul espace resté à l’état naturel puisque l’on a une digue partout ailleurs. Mais il est très fragile. Trois tempêtes consécutives l’ont fortement endommagé. Nous récupérons les bastaings des anciens épis et les réinstallons au droit de la dune pour créer une nouvelle barrière de sable, qui sera ensuite plantée. Notre espoir est que cette solution fonctionne dans le temps. C’est en tous les cas l’ultime tentative avant un probable enrochement si la dune était à nouveau endommagée. Nous n’avons pas vraiment le choix, car il s’agit de l’endroit le plus friable, par où la mer peut venir inonder les marais et, par hypothèse, impacter Ouistreham et Hermanville”, pointe du doigt le maire de Ouistreham. 

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